Dans une démarche stratégique qui va à l’encontre des tendances actuelles en faveur des voitures électriques, Renault et le groupe italien Dumarey ont annoncé un partenariat pour le développement d’un nouveau moteur diesel quatre cylindres de 2,0 litres. Ce partenariat intervient à un moment où les moteurs à combustion sont considérés comme en voie d’extinction.
Le marché du diesel continue de chuter d’année en année à une vitesse vertigineuse. En France, la part de marché du diesel était d’à peine 9,7 %, pour terminer l’année à un peu plus de 9 %.
En Europe, les chiffres sont plus élevés, mais pas de beaucoup. En juin 2023, les voitures diesel représentai 13,4 % des immatriculations. Pour la première fois, les voitures électriques ont dépassé les diesel et cela confirme un déclin qui dure depuis des années, les immatriculations de 2022 reflétant encore une part de marché de plus de 14,4%.
Les décisions politiques, tant au niveau européen que national, avec un certain nombre de villes qui ont rendu la vie difficile au diesel, ont fait que les véhicules électrifiés ont explosé et que l’essence a pris le pas sur le diesel.
Cela a conduit certains constructeurs à déclarer qu’ils ne développeraient plus de moteurs à combustion ou à se fixer une date à court terme à partir de laquelle toutes les nouvelles voitures seront électriques, comme l’ont déjà indiqué Opel et Mercedes. Certains fournisseurs de moteurs ont également rejeté l’idée de continuer à travailler sur des moteurs à combustion.
Renault, en revanche, s’est montré très critique à l’égard de cette ligne de conduite. Dès novembre 2022, ils ont annoncé dans leur feuille de route pour les années à venir qu’ils continueraient à s’appuyer sur le moteur à combustion. Dès 2023, les premières mesures du projet Cheval ont été prises. Et maintenant, en 2024, ils confirment qu’ils travailleront sur un moteur diesel.
Avec l’hydrogène à l’horizon.
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Diesel, hydrogène et moteurs à combustion
Au milieu de toutes les annonces relatives à la voiture électrique, Luca de Meo, PDG de Renault, a été l’une des voix les plus critiques à l’égard des décisions politiques qui ont été prises ces derniers temps.
Sa philosophie a toujours été en phase avec celle des constructeurs japonais, qui continuent à se méfier de la voiture électrique comme unique solution d’avenir. C’est pourquoi il a au moins défendu l’hybride rechargeable comme une option transitoire essentielle avant de faire le saut vers la voiture électrique.
Pour ouvrir des voies alternatives à la voiture électrique, Renault pense qu’il peut encore trouver un marché suffisamment fort dans le diesel et l’hydrogène. C’est pourquoi Renault travaille avec l’entreprise italienne Dumarey Automotive pour développer un nouveau moteur diesel quatre cylindres de deux litres dans le cadre de son projet Horse, la société qu’il a créée en partenariat avec Geely pour développer de tels moteurs.
Comme ils l’ont expliqué dans l’annonce de cette collaboration, l’objectif principal est d’équiper les véhicules commerciaux de ce nouveau moteur afin qu’ils puissent s’adapter aux futures restrictions liées à la norme Euro 7, qui, précisément sur ce marché, constituera le principal ajustement, car elle laissera les voitures particulières dans une situation pratiquement identique à celle qui prévalait auparavant.
Alors que l’entreprise devrait être découpée en 2022, Renault tente de trouver le moyen le moins douloureux de s’adapter à un avenir où la voiture électrique se positionne comme la principale alternative sur le marché. Le fait d’avoir une division “moteurs à combustion” qui continue d’offrir des groupes motopropulseurs aux clients dont l’autonomie diminue pourrait être un bon moyen d’atténuer les pertes que les voitures électriques continuent de générer pour l’instant par rapport aux moteurs à combustion.
L’accord laisse également la porte ouverte à une future collaboration dans le domaine de l’utilisation de l’hydrogène. Le groupe Dumarey dispose d’une division appelée Hydrocells qui étudie les utilisations de l’hydrogène dans la mobilité.
Renault, pour sa part, s’est montré ouvert à l’utilisation de l’hydrogène à l’avenir. Il a même présenté un prototype qui utiliserait l’hydrogène comme prolongateur d’autonomie pour les voitures électriques. Une solution qui pourrait s’avérer judicieuse dans les années à venir, puisque l’Union européenne autorisera la vente de moteurs à combustion à partir de 2035, à condition qu’ils soient neutres en carbone, ce qui peut être réalisé grâce à l’hydrogène vert.
L’annonce de cette collaboration a été bien accueillie par l’industrie, qui s’attend à ce qu’elle jette les bases d’une coopération future dans le développement de technologies de carburants à faible teneur en carbone, y compris l’exploration de moteurs à combustion interne alimentés à l’hydrogène. Cette approche reflète un engagement en faveur de la durabilité et de l’innovation, visant à trouver des solutions qui concilient l’efficacité énergétique et la réduction des émissions.
Patrice Haettel, PDG de Horse, a déclaré à Vozpópuli qu'”il n’y a pas de solution unique pour un avenir durable”. De son côté, Pierpaolo Antonioli, directeur technologique du groupe Dumarey, assure que face à la transition énergétique et à la prolongation du cycle de vie des produits, ils doivent être des pionniers en matière de solutions innovantes qui combinent parfaitement l’efficacité de la technologie des moteurs à combustion interne et la durabilité de la décarbonisation.
L’initiative conjointe de ces deux entreprises souligne non seulement l’investissement continu dans l’amélioration des moteurs diesel, mais ouvre également le dialogue sur le rôle de l’hydrogène et d’autres technologies émergentes dans l’avenir de la mobilité. Alors que l’industrie automobile s’oriente vers l’électrification, cet accord souligne l’importance de maintenir une large perspective sur les solutions énergétiques, en reconnaissant que la transition vers un avenir plus durable nécessitera une diversité d’approches et de technologies.