L’objectif de la Chine est de se sevrer du charbon et de devenir la plus grande puissance nuclรฉaire du monde. Le gรฉant asiatique ne cesse de construire des rรฉacteurs, ce qui lui permettra bientรดt d’atteindre son objectif. Prendre la tรชte de la nouvelle รจre de l’รฉnergie nuclรฉaire n’est qu’une question de temps.
Les รtats-Unis sont le pays qui possรจde la plus grande capacitรฉ de production d’รฉlectricitรฉ nuclรฉaire, mesurรฉe en gigawatts (GW), suivis par la France. Selon les donnรฉes de l’Agence internationale de l’รฉnergie atomique (AIEA), ils disposent respectivement de 95,8 GW et de 61,3 GW opรฉrationnels. La Chine a 53,1 GW en service. Cependant, Pรฉkin dรฉpassera Paris et Washington sur la droite car elle construit 23 rรฉacteurs qui s’ajoutent ร ses 55 actuels, alors que les deux autres pays ne construisent qu’un seul rรฉacteur chacun.
Mais la Chine ne se contente pas de cela. En plus des infrastructures dรฉjร en place, Xi Jinping ne cesse de signer de nouveaux projets, si bien que la liste des rรฉacteurs dรฉjร autorisรฉs et financรฉs est longue. Cela signifie que les travaux peuvent commencer et que ces investissements se concrรฉtiseront au cours des 15 prochaines annรฉes. ร cela s’ajoutent les projets en file d’attente, ceux qui sont dรฉjร dimensionnรฉs mais qui n’ont pas encore รฉtรฉ approuvรฉs. Compte tenu de tous ces รฉlรฉments, le pays asiatique prรฉvoit une croissance de sa capacitรฉ de 250 GW, soit cinq fois sa capacitรฉ actuelle, ce qui rรฉvรจle sa vision ร long terme dans le domaine de l’รฉnergie.
La feuille de route de la Chine prรฉvoit qu’elle devienne la plus grande puissance nuclรฉaire du monde. Les investissements qu’elle souhaite rรฉaliser dรฉpassent ceux de l’Inde, de la Russie, de l’Union europรฉenne, du Royaume-Uni, du Japon et des รtats-Unis rรฉunis, qui sont les prochains pays ร avoir les projets nuclรฉaires les plus immรฉdiats et les plus futurs.
L’engagement de la Chine lui permettra de dรฉpasser la France en termes de capacitรฉ d’ici 2025. En outre, ses efforts entraรฎneront un dรฉplacement de l’hรฉgรฉmonie nuclรฉaire de l’Amรฉrique du Nord vers l’Asie. “Sur la base des rรฉacteurs en construction qui devraient รชtre achevรฉs d’ici 2026, l’Asie dรฉpassera l’Amรฉrique du Nord en tant que rรฉgion disposant de la plus grande capacitรฉ installรฉe”, indique l’Agence internationale de l’รฉnergie (AIE) dans son rapport sur l’รฉlectricitรฉ en 2024. “L’Asie est l’รฉpicentre de la croissance de l’รฉnergie nuclรฉaire”, ajoute-t-elle.
Aprรจs la Chine, l’Inde est le pays qui construit le plus de rรฉacteurs. C’est un autre รtat qui devrait accroรฎtre le plus sa puissance nuclรฉaire. Bien qu’elle ne fasse pas partie des dix premiers pays en termes de capacitรฉ, elle dรฉpassera la Suรจde et l’Espagne, qui se dรฉtourne de cette source d’รฉnergie. New Delhi construit six GW supplรฉmentaires et prรฉvoit d’ajouter un total de 13 GW, triplant ainsi sa capacitรฉ en l’espace d’une dรฉcennie.
Les deux pays doivent rรฉduire leurs niveaux de pollution. Pรฉkin espรจre s’affranchir de sa dรฉpendance au charbon d’ici 2060. ร l’heure actuelle, plus de 60 % de l’รฉlectricitรฉ du pays provient du charbon, ce qui nuit ร la qualitรฉ de l’air. En outre, une grande partie du charbon chinois se trouve dans le nord du pays, de sorte qu’il doit รชtre distribuรฉ par train dans tout le pays, ce qui n’est pas pratique d’un point de vue logistique. Selon l’Association nuclรฉaire mondiale, le transport de ce produit reprรฉsente ร lui seul la moitiรฉ de l’utilisation du rรฉseau ferroviaire. Le systรจme actuel est inefficace et trรจs dommageable pour l’atmosphรจre.
La Chine en est consciente, et c’est prรฉcisรฉment la raison pour laquelle elle s’engage si clairement en faveur de l’รฉnergie nuclรฉaire. Elle ne tire que 5 % de son รฉlectricitรฉ de ces centrales et doit donc redoubler d’efforts. En plus de se plonger dans la construction de rรฉacteurs, Pรฉkin travaille รฉgalement ร l’approvisionnement en combustible, c’est-ร -dire en uranium. Actuellement, elle est en mesure de couvrir 15 % de ses besoins en uranium grรขce ร ses ressources nationales. Mais comme elle a aussi de nombreux projets en cours pour sรฉcuriser l’accรจs ร cette matiรจre premiรจre, elle couvrira un tiers de ses besoins, selon le rapport de l’AIE. Elle investit รฉgalement dans des entreprises miniรจres africaines pour sรฉcuriser ses approvisionnements.
La Russie est รฉgalement l’un des leaders technologiques avec la Russie dans le domaine nuclรฉaire. Tous deux fournissent 70 % des technologies actuellement utilisรฉes pour construire des rรฉacteurs nuclรฉaires. De plus, ils sont les deux seuls pays ร exploiter des petits rรฉacteurs nuclรฉaires (SMR), la derniรจre innovation en la matiรจre. L’idรฉe est que ces modules sont individuels et peuvent รชtre construits, par exemple, ร proximitรฉ immรฉdiate d’une usine. Cela permet de crรฉer un approvisionnement direct en รฉnergie et de promouvoir des projets individualisรฉs. Ces petits rรฉacteurs permettent de ne pas investir massivement dans l’รฉnergie nuclรฉaire ร chaque fois qu’il s’agit de dรฉvelopper cette ressource. Selon les prรฉvisions de Julius Baer, les SMR seront l’avenir du nuclรฉaire et concurrenceront l’hydrogรจne, mรชme si leur dรฉveloppement n’en est qu’ร ses dรฉbuts.
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En Europe et aux รtats-Unis, l’engagement en faveur du nuclรฉaire n’est pas aussi fort. L’Allemagne a mis en place une sortie du nuclรฉaire l’annรฉe derniรจre et l’Espagne le fera ร partir de 2027. Toutefois, 14 รtats membres ont signรฉ un accord de collaboration visant ร augmenter leur capacitรฉ de 50 % supplรฉmentaires d’ici ร 2050. De son cรดtรฉ, Washington n’a aucun plan de croissance majeur, ce qui met sรฉrieusement en pรฉril son leadership actuel.
Malgrรฉ les diffรฉrents paris des pays, le nuclรฉaire devrait continuer ร gagner du poids dans la production d’รฉlectricitรฉ et la production devrait atteindre un nouveau record l’annรฉe prochaine. Selon l’AIE, d’ici 2025, le nuclรฉaire et les รฉnergies renouvelables dรฉpasseront le charbon en tant que premiรจre source d’รฉlectricitรฉ, les deux produisant un tiers de l’รฉlectricitรฉ totale.