Les constructeurs chinois ont plus d’un tour dans leurs usines pour faire face aux nouvelles normes europรฉennes, promettant ainsi de garder la main que l’UE pensait leur tordre. Principal bรฉnรฉficiaire, le consommateur pour qui les constructeurs sont prรชts ร tous les efforts pour garder leurs parts de marchรฉ.
Une arrivรฉe en force sur le marchรฉ europรฉen
L’invasion hybride
La dimension environnementale, que la rรฉduction des coรปts des trajets accompagne aisรฉment, a vu le marchรฉ des vรฉhicules avec batteries croitre de maniรจre explosive. La transition vers le tout-รฉlectrique continue de faire peur ร une partie des automobilistes ; en cause, les modalitรฉs de recharge (30 min pour “un plein”), l’autonomie (infรฉrieure ร “un plein” de diesel ou d’essence) ; c’est donc les vรฉhicules hybrides de toutes sortes (plugin, micro) qui en bรฉnรฉficient. Les constructeurs comme Toyota, le leader et prรฉcurseur de ce marchรฉ, ne s’en plaignent pas. Les constructeurs chinois ne sont pas en reste et MG (et oui, maintenant c’est chinois), BYD, Geely sont prรชts ร en dรฉcoudre sur ce secteur de transition.
La montรฉe en puissance des constructeurs chinois
MG, BYD ou Geely (que nous ne connaissons pas sous ce nom directement, mais qui dรฉtient les marques Polestar, Lotus, LEVC ou Lynk&Co) sont des exemples de progressions fortes dans le secteur de l’automobile. Des modรจles comme le MG3+ (moins de 20 000 euros), le U DM-i (un SUV premium ร moins de 36 000 euros) ou encore, un peu plus premium, le Link & Co 01 tous les trois hybrides rechargeables, viennent concurrencer les marques europรฉennes sur leur terrain, avec des tarifs extrรชmement agressifs qui ne sacrifient pas les avancรฉes technologiques, quel que soit le segment.
Ces marques chinoises, en plus des nรฉcessitรฉs technologiques et de compรฉtitivitรฉ, sont obligรฉes de faire face aux nouvelles modalitรฉs d’importation des vรฉhicules : leurs tarifs douaniers avec un pourcentage de taxe propre ร chaque marque.
Des sanctions europรฉennes aux avancรฉes chinoises
Lโimpact des tarifs douaniers sur les stratรฉgies
L’Union europรฉenne, qui veut protรฉger son industrie automobile, a mis en place, au 31 octobre 2024, la nouvelle taxation afin de rรฉtablir une รฉgalitรฉ face aux contraintes. L’UE a analysรฉ la maniรจre dont l’Etat chinois apportait son aide aux marques et a rรฉpercutรฉ un รฉquivalent en droit d’entrรฉe. C’est MG qui est le plus pรฉnalisรฉ avec 35,3 %, Polestar & Tesla (les modรจles produits en Chine) 20 ร 21 % et BYD environ 17,4 %. Les fabricants chinois ont dรป adapter leur stratรฉgie et c’est ainsi qu’ils ont fait le choix de l’hybridation pour rester compรฉtitifs. Une premiรจre rรฉponse ร l’escalade dans ce conflit tarifaire.
L’empire (chinois) contre-attaque
Vous me direz, alors pourquoi l’hybride ? Parce que, dans tout systรจme, il y a une brรจche, une faille, et celui de la taxation mise en place par l’UE n’y รฉchappe pas. En effet, l’Europe vise principalement les vรฉhicules 100 % รฉlectriques, car c’est ce que proposent essentiellement ces marques chinoises. C’est une aubaine pour les vรฉhicules hybrides qui passent les mailles du filet et rรฉpondent en plus ร une demande de transition douce formulรฉe par les consommateurs (pour les raisons que nous avons explorรฉes plus haut). La rรฉponse prend plusieurs formes, certaines marques ont ajoutรฉ de l’hybridation ร leur gamme et d’autres commencent ร investir dans des outils de production locaux pour limiter les exportations directes. C’est ainsi qu’en plus de leur compรฉtitivitรฉ tarifaire et de leur capacitรฉ d’innovation, les marques chinoises vont pouvoir revendiquer des taux de fabrication europรฉens, ajoutant ร leur argumentaire un poids certain.
C’est un jeu de dupes auquel l’Europe a apportรฉ une premiรจre rรฉponse, suivie de celle des constructeurs visรฉs. En partie, ils donnent satisfaction ร l’Europe : relocaliser en Europe pour continuer d’รชtre une zone productrice de richesse. Sur l’autre pan, les marques chinoises contribueront financiรจrement ร la production de cette richesse.