Il y a quelques semaines, Hertz a annoncé qu’il allait vendre 20 000 Tesla 3 de son parc de location aux États-Unis. Si le loueur s’est débarrassé de tant de voitures électriques (pour les remplacer par des voitures à moteur à combustion), c’est en partie à cause de la baisse des prix de Tesla aux États-Unis et dans d’autres pays, qui a réduit la valeur de revente de ces unités une fois leur vie de voiture de location achevée.
Mais la raison principale, comme l’a déclaré Hertz elle-même, était de “réduire le coût des dommages causés aux voitures électriques”. En effet, les coûts de réparation de ces voitures sont en moyenne jusqu’à 30 % plus élevés que ceux des voitures à moteur à combustion.
La nouvelle a été révélée par un article de Automobile magazine, qui cite une étude de l’entreprise américaine Solera (qui produit et commercialise des logiciels de calcul des coûts de réparation des véhicules pour les ateliers et les professionnels) qui a analysé jusqu’à 92 000 devis de réparation réalisés dans un total de 20 pays au cours de la période allant de janvier 2021 à août 2023.
La conclusion de cette étude ? “Les coûts de réparation totaux sont 29 % plus élevés pour les voitures électriques que pour les véhicules à moteur à combustion interne”, affirme Solera, qui n’a pas hésité à illustrer cette affirmation en comparant les coûts d’entretien d’une Hyundai Kona électrique… à ceux de son homologue à moteur à combustion.
Le poids des voitures électriques… influe sur leur coût d’entretien
Cela peut sembler une plaisanterie, mais c’est ce qu’affirme la multinationale en comparant le budget d’entretien à long terme de la Hyundai Kona électrique avec celui de la voiture à moteur à combustion.
Tout d’abord, Solera indique que les pièces de rechange spécifiques aux voitures électriques sont jusqu’à 48 % plus chères que les pièces équivalentes pour les véhicules à moteur à combustion. Mais ce n’est pas la seule différence par rapport aux voitures électriques : dans les voitures électriques, jusqu’à 24 % du prix des factures sont dus à des pièces qui affectent le système d’entraînement électrique.
Même selon le calendrier d’entretien de ces Hyundai Kona, les airbags de la version électrique doivent être remplacés 8 % plus souvent ; il est intéressant de noter que d’autres pièces telles que les amortisseurs et divers renforts de carrosserie doivent également être remplacés plus tôt sur les voitures électriques. Ce dernier point est imputable au poids, mais, selon la multinationale américaine, “le poids plus élevé des véhicules électriques [peut également] expliquer la fréquence plus élevée des réparations du système d’airbags”.
Et Solera de révéler une autre cause qui a un impact direct sur le coût de réparation et d’entretien de ces voitures électriques. Il est vrai que ces véhicules ont tendance à avoir moins d’accidents en général que les voitures à moteur à combustion, mais ces accidents sont plus graves et impliquent un plus grand nombre de pièces à réparer.
Les voitures électriques nécessitent plus de main-d’œuvre
L’entreprise américaine Mitchell, spécialisée dans le calcul des coûts de réparation, publie chaque trimestre un baromètre des coûts de réparation des voitures électriques par rapport aux voitures à moteur à combustion.
Dans le dernier de ces baromètres, qui n’inclut que des pays comme les États-Unis et le Canada (où Tesla domine le marché des voitures électriques, les voitures Tesla représentant 74,5 % des voitures électriques réparées analysées dans ce rapport), Mitchell souligne que, pour ces véhicules, le coût de la main-d’œuvre représente 49,6 % de la facture finale… contre 41 % pour une voiture thermique équivalente.
Cela se traduit, en moyenne, par six heures de travail supplémentaires, consacrées, en somme, à la sécurisation du circuit haute tension ou au retrait de la batterie si nécessaire. D’autre part, l’entreprise souligne également que dans les voitures électriques, la disponibilité des pièces non originales du constructeur est plus faible… ce qui renchérit la facture.
Ainsi, lors d’une réparation classique, les voitures électriques nécessitent 88,8 % de pièces d’origine… contre 67,4 % pour les voitures à essence. En outre, seules 13,4 % des pièces électriques sont réparées, contre 16,3 % des pièces reconditionnées pour les voitures thermiques.
Ainsi, Mitchell calcule que le surcoût moyen des réparations pour les voitures électriques est supérieur de 269 dollars (245 euros) au coût moyen des réparations pour les voitures thermiques.
Et puis, il y a la question de la batterie…
Face à cette situation, il est logique que les loueurs comme Hertz envisagent de prendre en charge ce surcoût dans la réparation des voitures électriques. Un coût qui, bien sûr, inquiète aussi les assureurs.
En effet, l’Association des assureurs allemands (GDV, Gesamtverband der Versicherer) rejoint Solera en soulignant qu’en moyenne, les coûts de réparation des voitures électriques sont “entre 30 et 35% plus élevés que ceux des voitures thermiques équivalentes”, en rappelant, comme nous l’avons déjà vu, que ces voitures ont un “taux d’accident inférieur de 5 à 10%”.
Mais le GDV a souligné, dans une étude publiée en octobre 2023, le problème posé par la batterie. Selon l’association, les coûts de réparation s’envolent dès que l’opération touche la batterie.
Ce qui les amène à formuler une conclusion très claire, qui ne concerne pas ou peu les utilisateurs de voitures électriques, mais le secteur automobile en général : “si le coût de l’électromobilité devient inabordable, son acceptation [sur le marché] diminuera”.