Si Toyota s’est fait un nom dans la culture populaire en France, c’est grâce à ses hybrides. Dans notre pays, à l’exception de la Toyota Aygo X, de la version d’entrée de gamme de la Toyota Yaris et de modèles très sportifs (GR86, Supra et GR Yaris), toutes les voitures qu’elle vend sont plus ou moins électrifiées.
Sur les cinq véhicules hybrides non rechargeables les plus vendus, trois sont ses modèles (Toyota Corolla, C-HR et Yaris Cross) et deux autres modèles (Toyota RAV4 et Yaris) figurent dans le top 10 des meilleures ventes. Ce n’est pas une coïncidence si de nombreuses personnes qualifient les véhicules hybrides non rechargeables d'”hybrides Toyota” ou de “semblables à Toyota”.
Mais l’entreprise japonaise a depuis longtemps fait savoir qu’elle n’avait pas l’intention de tuer une technologie à l’avenir. En ce qui concerne la voiture électrique, sa position a été plus ou moins belliqueuse au fil du temps, modulant un discours qui, à certaines occasions, semblait totalement contraire et, à d’autres, la solution sur laquelle elle mettrait le plus l’accent.
Ce sur quoi elle est restée ferme, c’est son discours consistant à donner au client le plus grand nombre d’options possible afin qu’il puisse choisir celle qui l’intéresse le plus. On a parlé de moteurs à essence, de batteries à l’état solide, de différentes solutions à l’hydrogène….
Ce que nous ne nous attendions pas à voir, ce sont des déclarations en faveur du diesel.
Le diesel n’est pas mort.
Avec des immatriculations de véhicules diesel en chute libre en Europe et en France, le lancement de nouveaux modèles sans moteur diesel dans la gamme ou des décisions comme celle de Volvo, qui a récemment produit sa dernière voiture à moteur diesel, on pourrait penser que le diesel est mort.
Mais tout le monde ne pense pas ainsi et, en partie, c’est une erreur commune (y compris les médias) de tomber dans la tentation de penser que l’Europe est le centre du marché et que les marques prennent leurs décisions en priorisant notre continent alors qu’en réalité, seuls l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni font partie des 10 pays du monde qui achètent le plus de voitures neuves.
Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que Sean Hanley, responsable des ventes de Toyota en Australie, ait assuré à Drive que “le diesel a encore du temps devant lui, qu’il ne va pas mourir de sitôt”.
Dans une interview accordée à Drive, Hanley a déclaré que la vie du diesel sera décidée dans les 10 à 20 prochaines années. “Il est possible qu’il y ait des variantes hybrides, pour réduire son empreinte carbone. C’est une source de carburant très crédible, en particulier pour les véhicules lourds”.
L’Australie est un marché compliqué pour les véhicules électrifiés. Il faut tenir compte du fait qu’il s’agit d’un pays très étendu, où les distances sont très longues et où le conducteur est totalement isolé. C’est un véritable défi pour le véhicule électrique, car il nécessite une très grande autonomie et, en outre, la création d’un réseau très étendu de chargeurs dans des endroits éloignés des grandes villes.
En effet, le pays n’a pas encore de plan de réduction des émissions de ses véhicules, ni de feuille de route pour améliorer progressivement la qualité de l’air en réduisant les émissions des véhicules vendus dans le pays. Ce n’est que maintenant que cette possibilité a été mise sur la table.
À cela s’ajoutent deux variables. La première est que l’Australie a un amour profondément ancré pour la course et les véhicules à carburant fossile. Au-delà de l’utilisation quotidienne, ses compétitions constituent une référence depuis des décennies.
C’est la règle 1:6:90 de Toyota qui justifie son engagement dans les voitures hybrides (et pas tous les types d’hybrides).
La seconde est que le public préfère toujours les grands SUV et les véhicules utilitaires légers. En effet, les deux modèles les plus vendus en Australie sont le Ford Ranger et le Toyota Hilux, alors que les ventes de voitures électriques sont négligeables.
En outre, Toyota ne peut actuellement pas non plus se séparer de son Hilux. Elle pourra l’électrifier partiellement, comme le dit le responsable de la marque en Australie, si elle y est contrainte. Mais le modèle est la voiture la plus vendue dans une poignée de pays au profil similaire à celui de l’Australie.
La quasi-totalité de l’Océanie, l’Afrique australe et une grande partie de l’Amérique centrale et du Sud se partagent le Toyota Hilux et le Land Cruiser. Deux modèles pour lesquels le diesel est indispensable. Le Toyota Hilux a d’ailleurs été l’une des 10 voitures les plus vendues dans le monde l’année dernière.
Aussi étrange que cela puisse paraître, Toyota n’est pas prêt de dire adieu au diesel.